Détails :

La construction est issue d’une réflexion sur l’espace. En effet, le système constructif (sa production, sa fabrication, son montage, son édification) découle d’une représentation de l’espace architectural (son volume, son usage, son atmosphère).
Le bâtiment de Tendon a été construit en conjuguant des préoccupations liées à une
valorisation architecturale des ressources locales, à l’intégration et l’interprétation d’une
histoire des techniques, et à l’identité publique de ce lieu dans son paysage.

Le paysage de Tendon se transforme. Pour le définir, l’image bucolique de la campagne
opposée à la ville ne convient plus. Aujourd’hui, à 20 km d’Epinal, il est préférable de le
comprendre dans une continuité, placé à la fois dans sa géographie de basse montagne (les Vosges) et situé aux abords de la métropole urbaine du sillon
lorrain. Ainsi, le projet invente une double réponse, par la mise en valeur des richesses rurales et par son programme, aux besoins d’un mode de vie urbain.
Le périscolaire est un volume de caractère, conçu comme un prisme équipé de grandes
fenêtres cadrant les vues sur le paysage. Il instaure ainsi une nouvelle relation avec la
place, la rue, la Zone Humide Protégée, les édifices voisins. Dans la continuité des fermes du village de Tendon, la «maison» du nouveau centre périscolaire est un élément
d’identité forte de la composition urbaine qui remodèle la place du village. Il se veut un
élément emblématique de la commune et un repère marquant l’entrée dans le paysage
de montagne.
L’espace est conçu comme un outil au service d’un usage pédagogique. La matière est
volontairement présente, elle met par ses qualités (tactiles, acoustiques, visuelles…) les
sens en éveil. Il s’agit de créer l’atmosphère d’un lieu dédié à la petite enfance. Le
bâtiment est pensé comme un «refuge» organisé sur un plan, centré autour d’un poêle
et d’un escalier.
La structure initiale est arborescente. L’enveloppe vient recouvrir le lieu. Notre souhait
était de créer l’image d’une coquille, très enveloppante. Nous voulions travailler avec une
isolation en « botte de paille ». Ce choix a posé la question de comment réaliser cette
enveloppe épaisse.
L’enveloppe porteuse extérieure de l’édifice est constituée par des poutres-caissons en
hêtre et remplissage en bottes de paille (Matériau bio-sourcé) préfabriquées en atelier
pour atteindre une performance d’isolation thermique d’un bâtiment passif. La solution
des poutres-caissons recomposées est conçue sur les contraintes liées au matériau
utilisant ainsi des éléments courts de hêtre. Les assemblages vis et clous sont préconisés pour s’adapter aux équipements des entreprises artisanales. Les poutres-caissons sont préfabriquées en atelier, dimensionnées en fonction des bottes de paille constituant les éléments de mur, et assemblées par la suite sur site. Leur hauteur est de 350mm pour une épaisseur de 75mm. Elles sont constituées de deux montants d’ossature en hêtre coffrés par deux panneaux d’OSB3 de 15mm, vissés, assurant leur liaison. Ces montants sont chacun constitués de la superposition de deux sections de hêtre (15x135mm pour l’une et 30x135mm pour l’autre), qui permettent de composer de grandes longueurs à partir de bois de faible longueur. Ces poutres-caissons, pouvant être réalisées par les scieurs locaux, permettent d’ouvrir le marché des produits constructifs bois vers des composants nécessitant peu de transformation du bois et de favoriser un nouveau débouché au hêtre de qualité moyenne.
Le hêtre est aussi utilisé dans la constitution des murs de refend. Ils sont constitués de murs à ossature bois, composés de lisses hautes et basses, de montants en épicéa (de section 45x140mm), et de cadres de remplissage en hêtre (de section 30x120mm). Ces cadres sont réalisés à partir d’éléments de faible longueur, pour éviter les déformations du hêtre. Cette ossature est, dans la plupart des cas, laissée visible servant
ainsi de bancs et d’étagères.
Les planchers intérieurs sont en planches clouées en pin sylvestre, réalisés en atelier, composés de planches mises côte à côte et décalées pour créer un rythme dans les plafonds et améliorer l’acoustique des salles. Les revêtements intérieurs (murs et plafonds) sont composés de voliges en hêtre d’épaisseur 30mm, bruts de sciage. Placé devant le frein vapeur, l’assemblage se fait par feuillure avec une contre isolation (60mm), un lattage et couvre joint. Ce véritable dispositif plastique est pensé pour répondre aux normes incendie.
L’isolation est réalisée par des bottes de paille (1000x450x350mm ), insérées dans les
caissons. La paille a été achetée directement par le maître d’ouvrage, qui se l’est
procurée localement dans les environs de Montbéliard, à une centaine de kilomètres de
Tendon.
L’enveloppe extérieure en tavaillons fendus relève d’un vocabulaire ancien interprété ici
au travers d’une géométrie contemporaine. Le tavaillon est un matériau que l’on retrouve
sur de nombreux pignons de fermes vosgiennes. Au départ, les tavaillons devaient être
faits en pin Weymouth de la commune, mais par manque de main-d’oeuvre et de savoir-faire locaux, ceux-ci sont en mélèze de Sibérie et ont été posés par une équipe d’artisans Roumains. Le tavaillon est durable, léger, étanche.