Hameau des buis

Lablachere

Nature : Construction
Type de construction : Logement collectif
Date de livraison : 2012
Ville - département : Lablachere, Ardèche

Détails :

La genèse du projet

Situé en Sud Ardèche, le Hameau des Buis est un écovillage intergénérationnel avec à l’origine, la Ferme des enfants, école à pédagogie Montessori qui deviendra le cœur de cet éco-hameau autour duquel seront construits vingt logements écologiques accueillant des retraités comme des actifs.

Le défi architectural reposait donc sur cette double volonté de s’intégrer au site environnant dans un souci écologique, et de créer des passerelles entre les habitants du lieu pour une plus grande autonomisation et un partage possible des valeurs humaines, de rapports solidaires.

Une architecture de la vie?

Loin d’une architecture désorientée et uniforme, l’architecture du Hameau des Buis fonctionne sur le principe d’une « architecture de cueillette », afin de valoriser les ressources locales (bois, terre, paille et pierres) et réhabiliter ce que faisaient les anciens. Aussi les logements ont été construits en suivant le parcours du soleil et autour des arbres existants qui ont tous été conservés. Les maisons en ossature bois, isolées à la paille, recouvertes de toitures végétalisées et enduites de la terre du site n’ont nécessité aucun processus industriel et peu de transports, les matériaux étant en grande partie sourcés localement. Le maître d’ouvrage a acheté un peuplement. La filière bois est gérée dans sa globalité : abattage en bonne lune, débardage, transport, sciage à façon et transformation (séchoir à bois, raboteuse quatre faces) sur site. Les dosses ont été transformées en bois déchiqueté et la sciure pour les toilettes sèches. Toutes les parties de l’arbre ont été valorisées.

Ces bâtiments de part les matériaux utilisés et leur mise en oeuvre ont une consommation énergétique extrêmement faible et un impact quasi nul sur l’environnement.
Les contraintes du bâtis et des réalités humaines obligent à penser des interactions inédites à travers lesquelles, loin de s’opposer, ces deux paramètres peuvent se féconder l’un l’autre dans un dialogue enrichissant et complexe.

Complexité qui paradoxalement s’éclaire en acceptant de faire retour à la réflexion de ces anciens philosophes, pour qui les mystères de la Nature se dissipent à condition de revenir à une compréhension analytique des éléments qui la composent : Feu, Terre, Air, Eau. Ce retour en arrière n’a rien d’un passéisme puisqu il permet d’approcher les enjeux contemporains sous un angle inattendu, dans la mesure où une architecture de cueillette ne prône pas un retour utopique à la Nature, mais une interrogation sur la liberté et les contraintes du bâtir, aussi bien dans sa dimension écologique que sociologique et politique. Quelle est donc la place de l’homme face à ces éléments qui le dépassent et qui l’élèvent en même temps ? Telle est sans doute la question fondamentale sur laquelle un art de construire peut engendrer un art de vivre.

Comment les éléments l’imprègnent (y résonnent)

LE FEU : le Hameau a été entièrement dessiné en suivant le parcours du soleil et des ombres portées des bâtiments ce qui permet non seulement une climatisation naturelle des arbres par leur transpiration mais aussi un ensoleillement maximum des maisons exposées plein sud.
Des murs capteurs permettent une régulation thermique des bâtiments, des capteurs thermiques couvrent 80% des besoins en Eau Chaude Sanitaire et le bois vient chauffer les habitations.

L’AIR : Les bâtiments sont reliés les uns aux autres par une forme de « solidarité ». Ainsi le bâtiment nord plus grand vient protéger les autres du vent. Afin de maximiser la performance énergétique des habitats, une excellente étanchéité à l’air a été prévue (sans COV) et une isolation à la Paille qui permet une ventilation des murs façades.

L’EAU : élément fondamental de la Vie, l’eau occupe une grande place dans le Hameau. Une phytoépuration vient assainir l’eau tout en transformant les matières organiques en matières minérales assimilables par les plantes. Les eaux de pluie sont récupérées pour l’arrosage du verger et du potager. Toutes les toitures sont végétalisées ce qui offre une protection solaire plus conséquente et permet un écoulement des eaux plus efficace en cas de pluies violentes.

LA TERRE : la terre, en plus de ses vertus énergétiques et économiques, absorbe l’excès d’humidité et le libère en cas d’ambiance sèche (volant hygrométrique). La terre karstique du lieu a servi à l’installation des soutènements des bâtiments. Elle est utilisée également dans la fabrication du terre-paille (brique, enduits).
La complexité du projet réside donc dans la volonté de Pierre-Henry GOMEZ d’être dans l’essence, l’énergie et la richesse du lieu tout en répondant aux contraintes techniques et logistiques d’une architecture sans impact sur la planète. Laisser un lieu respirer…

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